La fin des années 1970 et le début des années 1980 sont marqués par la montée en puissance des mouvements antinucléaires et des mouvements pour la paix aux États-Unis. Après l’accident de la centrale nucléaire de Three Mile Island en mars 1979 et face à la relance des programmes militaires par Reagan, des mouvements de femmes se mobilisent, organisant notamment la spectaculaire Women’s Pentagon Action en 1980. Ces mouvements rassemblent des militantes issues des mouvements pacifistes, du féminisme, des organisations écologistes et vont s’étendre sur une décennie. La mobilisation de ces femmes a pris la forme d’actions et donné lieu à des textes qui mettent en question la destruction croisée des femmes et de la nature.
Parmi les actions mises en œuvre – occupations de sites de recherche ou de production nucléaire, manifestations, blocages, etc. – certaines durèrent quelques heures, d’autres quelques jours, voire quelques mois, parfois plus ; et pendant de tels moments, on parle, beaucoup. Des idées s’échangent, des textes se diffusent, les femmes qui sont là viennent de milieux et d’histoires différentes, mais il y a de très nombreuses personnes qui étaient politisées auparavant ; certaines étaient poètes, d’autres chercheuses, artistes… et tout se brasse. C’est à l’intérieur de ce mouvement que le mot « écoféminisme » émerge. Il émerge en fait à plein d’endroits différents, chez plein de femmes différentes, et cette émergence est le fruit du moment historique dans lequel cela se produit.
Lire l'entretien d'Emilie Hache qui recoupe les propos qu'elle a tenus lors du séminaire de l'Institut Momentum.