Séminaire du 21 juin 2013 par Kim Pasche et Vincent Pierré
Bien que les effets géologiques ne se fassent sentir qu’ avec la révolution industrielle, l’imaginaire de l’Anthropocène est en gestation depuis plus de 8000 ans, à un moment de basculement dans la biosphère : la dite « révolution néolithique » de certains peuples de l’espèce humaine. Bousculant plus de deux millions d’années d’évolution dans la nature (de natura « naître »), l’émancipation de cette espèce, torturée par le piège démographique et ses conséquences sociales, va elle même bouleverser la planète qui l’a vu naître.
Quelles évolutions matérielles et symboliques ont conduit les chasseurs-cueilleurs, intégrés physiquement et psychiquement aux écosystèmes, à rompre avec le reste du vivant pour en devenir l’ « exploitant » ? Dans quelle mesure la modernité tente-t-elle d’achever ce processus ? Cette nature que nous sommes est elle si loin en nous ? Qu’ont à nous apprendre de nous-mêmes les derniers chasseurs-cueilleurs et, plus largement, le reste du vivant ? Que signifie la synthèse évolutionniste en cours dans les sciences du vivant ? Aurait-on oublié que l’espèce humaine peut s’émanciper de tout sauf des lois de l’évolution ?
La question de l’issue de l’Antropocène n’est-elle pas simplement celle de la fin du Néolithique ? A bientôt 9 milliards d’humains, comment retrouver notre place dans la nature et en laisser assez pour le reste du vivant ? Piégés par la révolution néolithique, nous sommes condamnés à pratiquer une agriculture photosynthétiquement intensive sous peine de biocide et en même temps à nous réinsérer dans les écosystèmes. L’avenir de l’espèce humaine apparaît tenir à l’évolution vers homo-paysan, jardinier de la biosphère.