Comme tous les êtres vivants, les sociétés humaines sont des structures dissipatives. Elles s’auto-organisent suivant un processus universel auquel le physicien danois Per Bak a donné le nom de « criticalité auto-organisée ». La structure dissipative produit du travail mécanique en décrivant des cycles de Carnot autour d’un point critique. Il y a alternance entre une transition de phase continue et une transition abrupte.
Comme le métabolisme des êtres vivants, l’état de l’économie peut être décrit à l’aide de potentiels de Gibbs. Lademande est associée à un potentiel P représentant une « pression sociale », tandis que l’offre correspond à une « température économique » T , liée à la monnaie. Les cycles économiques apparaissent comme des cycles de Carnot au cours desquels ces deux paramètres oscillent en quadrature.
Le capital est une information mémorisée qui joue le rôle de l’entropie. Au point critique, ses fluctuations sont invariantes par changement d’échelle, ce qui implique des inégalités de richesse de variance infinie. Les cycles se ferment à travers une transition abrupte qui sépare deux phases successives de l’économie. Le capital ne peut être réinvesti que d’une économie de température élevée vers une économie de température moins élevée, ce qui implique l’utilisation de deux monnaies différentes.
Ce processus sera illustré par des données historiques et préhistoriques, notamment sur les inégalités sociales. Les données économiques publiées par Thomas Piketty éclairent tout particulierement l’histoire du XXème siècle.
Séminaire du 21 avril 2017
Suite du texte de François Roddier à télécharger ici.
Références
Jean-Paul Demoule, On a retrouvé l’Histoire de France, Laffont (2012).
Eric H. Cline, 1177 B.C.: The Year Civilization Collapsed, Princeton (2014).
Peter Turchin and Sergey A. Nefedov, Secular cycles, Princeton (2009).
Giovanni Arrighi, The Long Twentieth Century, Verso (1994, 2010).
Thomas Piketty, Le capital au XXIème siècle, Seuil (2013).