En partant d’une technique de modélisation destinée à prévoir la production de pétrole, cet article agence des scénarios possibles de l’évolution de l’épidémie en France. Après la première vague qu’il convient d’arrêter, la question des résurgences est traitée. Un propos politique est ensuite porté concernant le manque d’anticipation des pouvoirs publics et les choix délétères effectués. Enfin des mesures sont proposées dans l’objectif premier de nous sortir d’une torpeur d’impuissance conférée par le confinement.
Suite à un premier article sur les dynamiques de l’épidémie en France au regard du temps caractéristique du virus et de sa létalité, les données s’accumulent et laissent envisager une nouvelle manière de modéliser l’évolution de l’épidémie : la fonction de Hubbert ou la fameuse courbe en cloche usuellement manipulée pour représenter l’extraction de pétrole et autres ressources sous-terraines. Les travaux de Jean Laherrère de l’ASPO France[1] et leur diffusion commentée par Nicolas Meilhan m’ont inspiré pour reproduire la méthode de Hubbert. Merci à eux et à leur travail. À mon sens, cette technique permet d’aller plus loin et de manière plus juste qu’une extrapolation par régression telle que réalisée dans l’article précédent. Heureusement, cette première méthode semble largement surestimer la mortalité au regard des chiffres de la mortalité. Ou peut-être pas ? Si au début de l’épidémie tous les décès étaient comptabilisés par le dépistage et le passage systématique des malades en hospitalisation, ce n’est plus le cas aujourd’hui. De l’aveu même du directeur général de la santé, Jérôme Salomon, les chiffres des décès officiels « ne représentent qu’une faible part de la mortalité »[2]. Jusqu’à présent les décès en EHPAD et les décès hors hospitalisation ne sont pas comptabilisés, or ils sont de plus en plus nombreux car le système de soins sature.
La cloche : de l’extractivisme à l’épidémiologie
Marion King Hubbert est un géophysicien américain connu pour avoir modélisé avec justesse la production pétrolière américaine dans la deuxième partie du XXe siècle, et notamment son pic en 1970. La méthode consiste à s’appuyer sur les données mesurées d’un processus cyclique (disons la production d’un puit de pétrole) afin de déterminer la capacité totale du phénomène (combien de pétrole dans le puit) puis d’en décrire sa production jusqu’à l’épuisement (quel rythme d’extraction à prévoir pour combien de temps)[3]. Elle peut se révéler utile pour divers processus cycliques comme une épidémie qui a un début, une croissance, un pic, une décroissance et une fin.
----------------------------------------
Dans le détail, il s’agit de résoudre de manière itérative une équation logistique de type :
Où K correspond à l’ordonnée à l’origine de la régression linéaire du ratio Production(t) sur stock_accumulé(t)(ordonnée) sur le stock_accumulé (abscisse) ; RRIF correspond aux ressources récupérables in fine, c’est-à-dire le stock final. Il se retrouve à l’aide de la pente de la régression linéaire (RRIF=-K/pente).
----------------------------------------
La précision de la courbe de M. K. Hubbert dépend notamment du nombre de données calibrant la régression linéaire. Si celle-ci est hautement volatile, la prévision l’est tout autant. Pour cette raison, la précision de la modélisation française est moins importante que celle italienne. Néanmoins, ce modèle reste a minima très pédagogique et raisonnablement correct pour estimer la date du pic de mortalité. De plus, à chaque nouvelle mesure, le modèle gagne en précision. Ci-dessous vous pouvez observer plusieurs scénarios en fonction de la date à laquelle nous considérons la tendance de mortalité. Cela permet de déterminer des projections plus ou moins optimistes et d’aboutir à un intervalle des futurs possibles. Les linéarisations permettent d’estimer le nombre total de décès à prévoir au cours de cette vague. Il est visible à l’endroit où la droite de tendance croise l’axe des abscisses.
La cloche française
Graphe 1 : La modélisation de Hubbert pour l’épidémie covid-19 en France.
La troisième linéarisation (au 29/03) ne prend pas en compte la toute dernière mesure des décès en France afin de visualiser la tendance des dix derniers jours en l’absence de la dernière valeur extrême. Cela permet d’avoir une modélisation pessimiste quant au nombre de décès. Comme vous pouvez le constater, la semaine qui arrive sera probablement difficile. De manière concordante avec les hypothèses faites dans le précédent article, le pic de mortalité est prévu autour du 31 mars 2020, soit 15 jours après le début du confinement. Le nombre de décès hospitalier devrait être entre 4000 à 7000 à termes selon cette modélisation.
La cloche italienne
Graphe 2 : La modélisation de Hubbert pour l’épidémie covid-19 en Italie.
En Italie, le pic de mortalité de l’épidémie semble en passe d’être atteint. Les données italiennes sont plus fiables que les françaises car le nombre de décès est plus important et ce dernier détermine la fiabilité de la régression linéaire ci-dessus. À la fin de cette vague (fin avril), le nombre total de décès est estimé par cette méthode s’évalue entre 14 000 et 27 000. L’écart est grand car les chiffres tardent à diminuer conformément au modèle de Hubbert. Or proche du pic, chaque jour supplémentaire apporte un nombre important de décès.
Limites des prédictions et intérêt de la représentation
Voilà donc une possible représentation de l’évolution de l’épidémie en France et en Italie. Pour rappel et pour aller plus loin, Jean Laherrère, d’une grande expérience, effectue ce travail sur de nombreux autres pays[4]. Toutefois, l’usage de la courbe de Hubbert afin de modéliser l’évolution des épidémies n’a pas fait ses preuves scientifiquement à ma connaissance. Il convient donc d’être tempéré sur sa capacité à prédire l’avenir. Cependant, cette technique rend possible la visualisation d’une évolution de l’épidémie avec une progression d’abord exponentielle jusqu’à atteindre un pic puis une décroissance tout autant exponentielle. Cette représentation permet d’étendre notre imagination à cette fonction qui pourrait être qualifiée de « supraliminaire » selon les mots du philosophe Günther Anders. Contrairement à l’évènement infraliminaire, trop faible pour être appréhendé par nos sens, celui supraliminaire dépasse nos facultés d’imagination et d’émotion : il est « trop grand pour être encore conçus par l’homme[5] ». L’action exponentielle montre une progression si dramatique qu’elle semble impossible à concevoir avec nos facultés humaines. Regardez donc (graphe 2) comment une faible différence des décès journaliers en Italie (à gauche) résulte en un nombre de décès cumulés du simple au double (à droite). Si l’action exponentielle en soi est désormais plus facile à appréhender pour le lecteur avec ces graphes, ce n’est pas le cas de l’action exponentielle du nombre de décès… Qui peut ressentir une tristesse proportionnelle au décès d’une personne, dix, cent, mille, dix milles ? Si cette personne existait, elle se serait probablement noyée de tristesse dès le 4eou 5e décès. Et ensuite, une fois la cloche dépassée, que deviendra le virus SARS-CoV-2 ?
Plutôt qu’une grande cloche, des petites clochettes
Un excellent article traduit dans des dizaines de langues et cautionné par de nombreux experts[6] permet de se retrouver dans les différentes manières d’affronter cette épidémie sur le long terme. L’auteur, Thomas Pueyo, propose le graphe suivant pour résumer les possibles :
- Ne rien faire.
- Atténuer l’épidémie.
- Stopper l’épidémie : le marteau.
Graphe 3 :Les différentes stratégies face au virus5.
Ces différentes stratégies sont évaluées notamment en fonction de la propagation de l’épidémie dans le pays, des capacités sanitaires (lits de réanimations, masques, solutions hydro-alcooliques (S.H.A)) et des cultures nationales (hygiène, prévention sanitaire, idéologie, autorité publique, etc.). La publication scientifique de Ferguson et collègues apporte des éléments sur les différentes stratégies[7] représentées dans le graphe ci-dessous.
Graphe 4 : Le confinement transforme une bombe dégoupillée en bombe à retardement (Ferguson et al, 2020)
L’objectif des stratégies d’atténuation et du laisser-faire sont identiques : l’immunité de masse. La seule différence ces deux options réside dans le décalage temporel du pic épidémique et éventuellement de sa diminution par deux. En tous cas, il s’agit de laisser le virus contaminer une certaine majorité de la population afin de produire un effet protecteur sur le groupe : une immunité collective. L’avantage de cette stratégie est d’assurer au moins pour quelques mois l’absence de nouvelles vagues épidémiques de covid-19. Cet avantage est menacé par le risque d’une mutation importante du virus qui outrepasserait les anticorps constitués lors de la première contamination. Par ailleurs, cette stratégie dispose d’une difficulté, et pas des moindres : elle rend malade plus de la moitié de la population et par conséquent, avec 1% de mortalité, elle entraine une hécatombe.
Lorsque le néolibéralisme fait bon ménage avec Malthus
Plusieurs hypothèses peuvent expliquer le choix de l’atténuation ou du laisser-faire en connaissance de cause (et d’effets). Cette décision est souvent justifiée par le risque d’une nouvelle vague épidémique post-confinement et par l’arrêt de la production économique. Cependant, une sombre hypothèse ne semble que trop peu considérée, en voici ses termes :
Certains pays sont empêtrés dans une idéologie néolibérale, proche du libertarisme, au point où l’individualisme empêche de penser le rôle de la collectivité, même en cas de force majeure comme ici. Afin de prendre la meilleure option économique face à la crise sanitaire, ces gens n’ont à leur disposition plus qu’une seule ressource : la pensée malthusienne dans sa plus vile déclinaison. Le fatalisme, voire l’opportunisme des épisodes catastrophiques peut réguler la population, et notamment la population indésirable. Si à l’aube du XIXe siècle, Thomas Robert Malthus pensait surtout aux pauvres[8], eux pensent aux personnes âgées. Les plus vulnérables face au virus, les plus anciens et les plus anciennes d’entre nous, constituent un fardeau insupportable pour ceux qui ne pensent qu’avec un marteau dans la tête[9], à l’image de ce que l’historien le psychologue Abraham Maslow énonçait : « Tout ressemble à un clou pour qui ne possède qu'un marteau »[10]. À ce jeu-là, ils ne voient que des clous, des clous à frapper de rentabilité. Imaginez donc le bénéfice structurel de cette épidémie : de nombreuses places en EHPAD, une énorme baisse des cotisations sociales (moins de retraites et moins de maladies), une baisse du coût du travail, une plus grande compétitivité ; bref, un pays jeune et en bonne santé dans la compétition mondiale. Si les autres pays se morfondent en confinement face à une épidémie latente, les pays malthusiens, eux, repartent en quelques mois sur les rails de la croissance : échec et mat.
La stratégie du marteau sonne le glas
Une seule stratégie est acceptable, celle de la lutte pour endiguer l’épidémie. Les trois principales raisons qui justifient ce choix sont exposées ci-dessous.
En premier lieu, stopper l’épidémie permet de réduire la pression sur les systèmes de soins afin de limiter au maximum la saturation. À défaut, il n’est plus possible de soigner de manière optimale les cas graves, à l’instar de certaines régions françaises où les équipes médicales choisissent, faute de lits, qui sauver et qui laisser mourir. Usuellement, les soignants évaluent la balance coût-bénéfice à effectuer des soins lourds. Ici, un élément nouveau arrive sur cette balance : la concurrence des patients. La balance penchera vers celui qui a la plus grande chance de succès présumée. Ce choix se fait notamment sur des critères d’âge et de comorbidités. Ne pas dégrader les soins diminue donc le nombre de morts.
Deuxièmement, arrêter cette vague nous permet de gagner du temps. En période de crise, la valeur du temps est insoupçonnée et indéterminée. Le temps (avec de préférence une politique adéquate) pourrait permettre de développer une cure (dans le semaines qui viennent) ou un vaccin (dans l’année qui vient), afin d’endiguer de nouveaux épisodes épidémiques une fois le confinement terminé.
Troisièmement, stopper l’épidémie permet de réduire la propension du virus SARS-CoV-2 à muter de manière à augmenter sa virulence. Pour rappel, c’est bien la mutation d’un virus animal qui a déclenché une telle épidémie, il tout à fait possible que cela arrive de nouveau et dans la même direction, à savoir l’émergence d’un effet pathogène encore plus dangereux. Cet argument est d’autant plus important qu’un virus ARN comme celui-ci mute intrinsèquement 100 fois plus vite qu’un virus ADN[11]. Alors éviter une contamination massive réduit considérablement le risque d’une mutation mortifère. Comme pour l’écologie, cette dimension aléatoire et contrainte de l’évolution est souvent oubliée.
----------------------------------------
Attention au super-contaminateur : l’élément déclencheur
Bien que relativement peu létal, le SARS-CoV-2 a la malheureuse caractéristique d’envoyer 5% des personnes symptomatiques en service de réanimation[12]. Et à l’inverse, il est très contagieux avec un indice R0 moyen estimé autour de 2,4. Cela signifie qu’une personne infectée va en contaminer 2 ou 3 autres en moyenne. Cette moyenne est trompeuse car elle masque les superspreaders, (les super-contaminants) à l’origine des clusters et de la plupart des vagues épidémiques nationales du covid-19. Ces agents ont un rôle très important dans la définition du R0 tant leur contagion est importante[13]. Par exemple, la cérémonie évangélique de Mulhouse fin février a rassemblé 2500 personnes avec une ou plusieurs personnes contaminées durant de nombreuses journées. Cet évènement est à l’origine de la perte de contrôle des autorités sanitaires à détecter et isoler les malades en France suite à des centaines de cas partout en France[14].
----------------------------------------
Face à l’ampleur de l’épidémie dans des pays comme la France et l’Italie, il est nécessaire de réduire le nombre de cas afin de diminuer le nombre de morts. Le choix de ne rien faire ou d’atténuer la propagation de l’épidémie a été évalué dans par Ferguson, collaborateurs et collaboratrices[15]. À quelques mois près, le résultat est le même : la France pleurerait des centaines de milliers de personnes et d’autres nations comme les États-Unis, des millions. Il est invraisemblable que certains pays, comme le Royaume-Uni, aient cru à une stratégie d’atténuation ; il est atterrant de voir que d’autres la choisissent encore aujourd’hui (comme aux Pays-Bas)[16].
En France, le soin n’est devenu qu’un clou à frapper du marteau de la rentabilité
Sans parler de la dégradation générale du système de soin, le lecteur trouvera donc dans cette section l’essentiel des dysfonctionnements et des décisions accablantes concernant l’épidémie : les masques, les gels antiseptiques, les lits et les tests.
L’extrême pénurie de masques est un scandale d’État, symbole de notre pensée marteau à ne voir dans un stock stratégique de masques qu’une perte de valeur. Voir le monde par l’austérité budgétaire fragilise dans un premier temps nos structures collectives de solidarité et trace le chemin de l’abandon des plus vulnérables. Cette pensée marteau enfonce le clou dans la chair des plus nécessiteux, cette fois-ci les trop nombreux et évitables cas graves en seront les victimes. Or cela aurait pu être évité si la France avait adopté une autre stratégie ; si au lieu de se saisir de son marteau, elle avait pensé résilience sanitaire en maintenant ses stocks de masques chirurgicaux, en étendant ses stocks aux masques FFP2, en s’assurant d’une souveraineté laborantine et médicamenteuse pour produire des solutions hydro-alcooliques, des tests de dépistage en grandes quantités d’éventuels médicaments et vaccins rapidement, et enfin, en préservant ses lits de réanimation qui ont fondu en 20 ans au point d’arriver à une capacité 5 fois moindre que l’Allemagne (avec 28 000 lits de réanimation)[17]. En l’absence de ces mesures, il faudra rendre des comptes.
L’effort public sanitaire plutôt que l’effort de guerre
Malgré des erreurs majeures résumées précédemment, le politique persiste et ouvre des avenirs plus lumineux. La Corée du Sud, Taïwan, le Japon et même la Chine semblent avoir réussi à contenir voir à prévenir une épidémie sur leurs territoires. Mieux préparés d’un point de vue médical, politique, et social suite au précédent coronavirus (SARS-CoV) en 2002, ils ont su instituer presque instantanément une société où l’indice R0 de reproduction du virus se situe proche de 1. Cela permet de contenir la maladie à un très faible nombre de cas.
La stratégie est simple, il s’agit de tester le maximum de personnes possibles (personnes symptomatiques et personnes contacts) et d’isoler les positifs. À cela, ils juxtaposent une culture comportementale réduisant les contaminations possibles (gestes barrières répandus et port de masques régulier). De cette manière, il suffit de contenir les cas importés dus à des entrées sur le territoire par des quatorzaines automatiques.
L’avenir de la situation française doit se chercher de ce côté-là. Lorsque le directeur général de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, répète « test, test, test »[18] le lundi 16 mars, il trace enfin clairement la direction à suivre. Ironie des coïncidences, la France instaurait le même jour la stratégie opposée : le confinement. Si le Pr. Raoult qualifie cette dernière de moyenâgeuse, elle a le mérite d’être faisable immédiatement en France contrairement à l’injonction de l’OMS. En conséquence, les pouvoirs publics ne peuvent que se sentir honteux et coupables de ne pas avoir immédiatement (au plus tard fin janvier) commencé à multiplier ses capacités de tests.
La recherche d’un vaccin et d’une cure est en cours partout dans le monde. Les résultats préliminaires sont porteurs de l’espoir d’obtenir une première thérapie dans les semaines à venir et d’un vaccin dans une grosse année. Dans une telle situation, le temps vaut des vies. En attendant d’avoir des technologies médicamenteuses effectives, contenir l’épidémie est une nécessité. À cet effet, plutôt que le confinement de plusieurs mois, insupportables pour les moins privilégiés, l’activité doit progressivement reprendre avec des mesures de protection adéquates (dépistages, masques, S.H.A). Et quand bien même le confinement s’appliquant, le défaut de protections pour les travailleuses et les travailleurs indispensables est inacceptable (comme dans les secteurs du soin, de la maintenance, de la manutention, du transport, de l’énergie, des déchets et du ménage). Le confinement se décline aussi dans le sacrifice et l’exposition d’une partie d’entre nous, parfois par responsabilité et souvent par nécessité, à cause du défaut d’anticipation des pouvoirs publics.
La collectivité : seul rempart face à la désintégration sociale
Face à une telle situation, la réponse ne peut être que collective, collective dans l’endurance du confinement, collective dans la solidarité avec les plus fragiles, collective dans le soin des nécessiteux et collective dans l’effort des maillons indispensables à la sortie de crise sanitaire. Autrement, la défection, matérialisée le plus souvent par le droit de retrait, est à craindre. Celle-ci, pourtant souvent justifiée, résulterait en des risques systémiques majeurs comme les ruptures d’approvisionnement, ne laissant présager qu’un chaos.
La collectivité doit donc se déployer dans tous les secteurs qui peuvent contribuer à pallier le retard public. L’État, quant à lui, doit enfin prendre ses responsabilités en impulsant les mutations et en communiquant de manière transparentes sur les dispositifs suivants :
- Les industries de la machine doivent déployer immédiatement des chaînes de production de respirateurs et autres outils de réanimation en pénurie.
- Les industries textiles et papiers doivent déployer immédiatement des chaînes de production de masques FFP2, chirurgicaux et textiles.
- Les mesures de protection à venir doivent prioriser les personnes exposées actuellement au travail avant de les allouer pour lever le confinement.
- Les industries pharmaceutiques doivent produire en masse immédiatement les médicaments candidats pour soigner le covid-19 en prévision d’une réussite de l’un d’entre eux.
- Toutes ces industries doivent avoir pour objectif de produire pour la France et l’étranger. Si elles en sont incapables, la nationalisation peut être justifiée.
- Appliquer le rationnement partout où il y a pénurie ou risque de pénurie. Par exemple, les équipes de réanimation doivent essayer d’organiser le confinement d’une partie du personnel expérimenté afin de palier l’arrêt maladie de l’autre partie exposée.
Et pour terminer, face aux différents scandales d’État liés à cette situation, il pourrait être utile que le gouvernement et le président s’engagent dès maintenant à démissionner une fois la crise sanitaire résolue afin d'assurer la paix civile dans les semaines à venir. La colère fermente dans les esprits du confinement. Ce monde si vulnérable se disloque âprement. Plutôt que ce genre d’épisodes catastrophiques, il est nécessaire d'organiser une décroissance juste et conviviale, c’est-à-dire tout le contraire de ce monde qui chute lourdement en ricochant douloureusement contre les parois de la mondialisation.
[2]https://www.20minutes.fr/sante/2748183-20200325-coronavirus-nombre-deces-ephad-probablement-beaucoup-plus-lourd-bilan-officiel
[5] Anders G., Et si je suis désespéré que voulez-vous que j’y fasse ?, Paris, Allia, 2010, p. 71.
[7] Ferguson et al, Impact of non-pharmaceutical interventions (NPIs) to reduce COVID- 19 mortality and healthcare demand, Imperial College COVID-19 Response Team, 16/03/2020
[8] Malthus, T. R. (Thomas Robert). An Essay on the principle of population. London: Electric Book Co. 2001.
[9] Latouche Serge et Latouche Serge. Comment réenchanter le monde : la décroissance et le sacré, Paris : Éditions Payot & Rivages. 2019.
[10] Traduction commune de : Abraham Maslow, The Psychology of Science: A Reconnaissance, New York, Harper & Row, coll. « John Dewey Society lectureship series » (no 8), 1966, p. 15-16.
[11] Kayla M. Peck, Adam S. “Lauring, Complexities of Viral Mutation Rates”, Journal of Virology, Jun 2018, 92 (14)
[12] L'avis du Haut Conseil de la santé publique relatif à la prise en charge des cas confirmés d’infection au virus SARS-CoV-2 du 5 mars 2020 ; Wu Z, McGoogan JM. Characteristics of and Important Lessons From the Coronavirus Disease 2019 (COVID-19) Outbreak in China: Summary of a Report of 72 314 Cases From the Chinese Center for Disease Control and Prevention. JAMA. 2020 Feb 24. doi: 10.1001/jama.2020.2648.
[13] Chen Shen, Nassim Nicholas Taleb and Yaneer Bar-Yam, Review of Ferguson et al “Impact of non-pharmaceutical interventions...”, disponible ici.
[14]https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/03/27/mulhouse-scenario-d-une-contagion_6034722_3224.html
[15] Ferguson et al, Impact of non-pharmaceutical interventions (NPIs) to reduce COVID- 19 mortality and healthcare demand, Imperial College COVID-19 Response Team, 16/03/2020.
[17]https://www.franceinter.fr/emissions/le-vrai-faux-de-l-europe/le-vrai-faux-de-l-europe-12-mars-2020
[18]https://www.youtube.com/watch?time_continue=8&v=CHHCJFiDoR4&feature=emb_logo