Tout se passe comme prévu. Après plus de cinquante ans de prophéties catastrophiques de la part de certains lanceurs d’alerte, la réalité accomplit ce qui semblait inimaginable à l’époque : la possibilité d’un effondrement systémique mondial proche devient plausible aux yeux d’une minorité, tandis que, massivement, l’immense majorité croit encore que le marché, la croissance et la technologie parviendront à résoudre les problèmes actuels, notamment les inégalités et la « crise écologique ».
Depuis environ trente ans, des centaines d’experts, de journalistes, de politiques et autres essayistes tentent d’élaborer des centaines de scénarios, de plans, de « solutions » à cette « crise écologique » bien que les indicateurs de l’état de santé du système-Terre ne cessent de démontrer l’inanité de ces efforts. Cependant, personne ou presque ne se demande pourquoi ces insuffisances répétées continuent-elles ? Ou pourquoi, bien qu’informé, chacun continue-t-il sa vie antérieure ? Ou encore pourquoi les gouvernements n’agissent-ils pas, alors qu’ils savent ? Pour Yves Cochet, ces déboires puisent tous leur source dans une représentation erronée du monde réel, munie de croyances et de notions héritées d’une cosmologie calamiteuse. En posant l’hypothèse que les individus comme les décideurs agissent selon leur croyance (leur cosmologie), le scientifique démontre que cette représentation erronée conduit à des actes individuels et collectifs qui détruisent le système-Terre et accroissent les inégalités.
Yves Cochet, Précisions sur la fin du monde, éditions Les Liens qui Libèrent, septembre 2024.